Écrire des haïkus ?…

Hisamatsu nomme les sept caractéristiques de l’art zen : « Pas de règle, pas de complexité, pas de discrimination (distinction entre les êtres et les choses), pas d’intellectualisation, pas de fond, pas de contrainte, pas d’agitation. » Repris en positif : « Asymétrie, sobriété, austérité, naturel, profonde réserve, liberté absolue, sérénité. »

Shiki, dans La goutte d’encre, évoque le brutal, l’irrépressible désir de haïku qui le saisit un jour et l’obligea, faute de papier disponible, à en couvrir l’abat-jour de sa lampe.

Rencontre de la contingence et du regard qui la saisit.

Travail d’ascèse, d’ellipse, d’approche de l’indicible, « le ‘ne pouvoir rien dire’ s’opposant au ‘rien à dire’. » 

Mémoire immédiate de l’instant : non pas le souvenir, mais le ressenti premier. Une incarnation disponible

Pas de pathos ! De la retenue !

Pas d’effets ! Du dépouillement ! Du consentement !

Du shiori : « Sympathie témoignée par le haïku envers la nature, les gens et la vie en général . » !

Du concret !

Ne rien expliquer !

Pour paraphraser Cheng Yao T’ien à propos du Mo Tchou : « La force de l’évocation pénètre le lecteur jusqu’à le traverser et, s’évanouissant, ne laisse plus en lui que la trace d’une sensation. »